Les enjeux et risques liés au projet de loi sur le rapprochement juridique des classes préparatoires et des universités
Geneviève Fioraso, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, souhaite rapprocher juridiquement les classes préparatoires aux Grandes Ecoles (écoles de commerce et écoles d'Ingénieurs) et les universités, sujet déjà évoqué en 2009 par l'ancienne ministre Valérie Pécresse.
Ce projet de loi s'inscrit dans le cadre de la future loi sur l'enseignement supérieur et sera présenté fin février-début mars en Conseil des ministres.
Les objectifs de ce rapprochement
Ce rapprochement souhaite répondre à différents enjeux:
- placer la recherche au cœur des classes préparatoires afin d'inculquer aux étudiants cette notion essentielle en école d'ingénieurs,
- créer des échanges entre les différents corps enseignants,
- harmoniser les programmes,
- instaurer l’obligation pour les étudiants en classes préparatoires de s’inscrire parallèlement à l’université; ce qui permettra aux étudiants qui échouent aux concours d'entrées des grandes écoles de commencer une licence.
Les problèmes et risques soulevés par ce projet de loi
Ce projet de loi soulève beaucoup de questions et d'appréhension auprès des acteurs de l'enseignement supérieur et des étudiants:
- la gratuité des CP serait révolue puisque la "double inscription" obligera les étudiants des CPGE à payer, en plus de leurs frais d'inscriptions aux concours d'admission des Ecoles de Commerce ou des concours d'Ecoles d'Ingénieurs, les 180 euros de droits d’inscriptions d’université (exception faite pour les élèves boursiers); cette nouvelle taxation représenterait environ 9 millions d’euros,
- ce projet de loi induira donc la création d'un cadre conventionnel entre les classes préparatoires et les universités et pourrait alourdir leurs systèmes de gestion respectif même si les classes préparatoires auraient le choix de leur université de rattachement,
- le niveau d'excellence des classes préparatoires, pôles spécifiques à la France, risque de baisser et d'être moins dynamique.
Au lieu de rapprocher juridiquement CPGE et universités ne devrait-on pas développer ces deux systèmes qui semblent fonctionner en procédant par exemple à la création de nouvelles filières d'excellence au sein des universités?